Mieux comprendre les OGM et leurs effets

Mieux comprendre les OGM et leurs effets

07 May 2019Lin Qiu Yi Wan

Tout savoir sur les organismes génétiquement modifiés (OGM)

Imaginez-vous des monstres de laboratoire comme The Fly lorsqu’il est question d’OGM ? Ne vous inquiétez pas, la réalité est bien moins dramatique.

Dans cet article, votre poissonnier fait le point sur les aliments génétiquement modifiés (GM) : leurs effets sur vous et l’environnement, leur fabrication, et leurs risques potentiels, notamment s’ils sont cancérigènes. Voici un guide complet sur les OGM !

 

Qu’est-ce qu’un OGM ? Comment ça fonctionne ?

Qu’est-ce que le maïs et le chien ont en commun ?

Les deux ont été sélectionnés selon l’intérêt de l’être humain et sont maintenant bien différents de leur apparence initiale. À l’état sauvage, le chien était un loup, et le maïs ressemblait à du blé pourri ! Ils n’ont pas été modifiés génétiquement pour arriver à cette apparence des siècles plus tard, mais nous avons, au fil des générations, sélectionné leur matériel génétique en choisissant « qui » allait se reproduire.

Le principe des OGM est similaire, mais tout est contrôlé en laboratoire et développé à « vitesse grand V ». En isolant les gènes liés à certaines caractéristiques, il est maintenant possible de modifier l’ADN d’un organisme à notre avantage.

Qu’est-ce qu’un gène ?

Dans chacune de nos cellules se trouve notre génome, l'ensemble de notre matériel génétique (ADN), organisé en chromosomes. L'ADN humain est composé d'environ 20 000 gènes : ce sont les recettes suivies par nos cellules pour fabriquer les différentes protéines qui forment notre corps. Lorsqu'on modifie génétiquement un organisme, on réécrit une partie de ce génome. Ainsi, on permet à la cellule « d'apprendre » de nouvelles recettes sans attendre que l'évolution naturelle prenne son cours.


© Photo by Sangharsh Lohakare on Unsplash

 

Comment savoir si ce que l’on achète comporte des OGM ?

Au Canada, plus de 75 % des aliments vendus contiennent au moins un ingrédient GM. Le plus souvent, il s’agit de canola, de soya, de maïs ou encore de sucre raffiné provenant de la betterave sucrière. Étrangement, l’affichage de produits issus d’OGM dans les aliments est optionnel; les producteurs peuvent l’indiquer sur les aliments, mais aucune loi ne les oblige à le faire. C’est parfois aussi difficile pour les commerçants de savoir si les produits de leurs fournisseurs sont sans OGM. Pourtant, les statistiques démontrent qu’une large majorité de Québécois aimeraient qu’il y ait un système de traçabilité des OGM mis en place. Il existe des organismes, comme le Non-GMO Project, qui certifient l’absence d’OGM dans plusieurs aliments en y apposant leur sceau.

 

Les OGM sont-ils cancérigènes ?

Il y a présentement un consensus scientifique concernant les OGM : ils ne posent pas de risque plus important pour la santé que la nourriture traditionnelle. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Canada n’instaure pas de loi de traçabilité des OGM. Il y a cependant un gros bémol : le fait d’être OGM n’est pas dangereux en soi, mais selon la nature des gènes modifiés, il peut y avoir des effets sur la santé. Beaucoup de plants sont génétiquement modifiés pour augmenter leur résistance aux insecticides, ce qui fait en sorte que les producteurs peuvent en appliquer davantage. Pour reprendre l’exemple du maïs, il existe aujourd’hui plusieurs variétés qui sont des OGM, dont le SmartStax qui produit lui-même ses pesticides ! Il est toujours conseillé de laver vos fruits et légumes pour se débarrasser des résidus de pesticides, mais qu’arrive-t-il lorsque ces pesticides viennent de l’intérieur ?

 

Y a-t-il des poissons génétiquement modifiés au Québec et au Canada?

En mai 2016, le saumon Aquadvantage™ est devenu le premier animal GM légalisé au Canada. Il demeure le seul qui ait été autorisé à ce jour.


© Photo by Caroline Attwood on Unsplash

 

Pourquoi modifier génétiquement un poisson ?

Le saumon GM vendu au Canada a été modifié pour lui permettre de grandir tout au long de l’année : pas de pesticide à craindre comme pour le maïs GM ! Il a reçu un gène d’une autre espèce, le saumon Chinook, pour réguler sa croissance. Cela lui permet de grossir jusqu’à 11 fois plus rapidement que le saumon d’Atlantique sauvage !

Bien qu’il n’y ait qu’un seul poisson commercialisé à des fins alimentaires, il existe toutes sortes de poissons GM sur le marché. Une des applications les plus utilisées est le dosage des polluants dans l’eau à partir de poissons qui s’illuminent lorsqu’il y a présence de contaminants. La compagnie GloFish a poussé cette technologie encore plus loin, à un niveau un peu farfelu : elle produit des poissons phosphorescents pour les aquariums ! Comme quoi les OGM seraient la nouvelle mode…


© The University of Exeter's engineered zebrafish

 

Les OGM sont-ils mauvais pour l’environnement ?

Toute technologie qui nous permet d’avancer plus vite peut causer des accidents : autant les autos… que les OGM. Ces derniers, étant créés par l’humain, n’ont pas lieu d’être dans la nature. Des organismes GM qui retourneraient en nature, à l’état sauvage, sont l’un des plus grands risques de cette technologie. Il est pratiquement impossible de prédire leurs effets sur les populations naturelles et sur les écosystèmes.

Un mécanisme de prévention a été instauré pour le saumon GM : il est triploïde. Cela signifie qu’il a trois copies de son ADN dans ses cellules, au lieu d’en avoir deux comme les saumons normaux ou la plupart des animaux, y compris l’humain (votre père vous a donné la moitié de vos chromosomes, votre mère, l’autre). Rassurez-vous ! Ceci n’est pas dangereux pour la consommation, mais empêche plutôt les saumons GM de se reproduire avec les saumons sauvages. Les chances de retrouver des saumons génétiquement modifiés dans la nature sont grandement réduites s’ils venaient à s’échapper.

Ce mécanisme n’est pas sans faille, et certains saumons demeurent féconds. Plusieurs histoires de « perte de contrôle » ont été partagées par le passé. Le maïs Starlink, pour ne citer que cet exemple, a fait l’objet d’un rappel dans les années 2000. Il s’agissait d’un maïs allergène pour l’être humain, commercialisé pour nourrir le bétail. La catastrophe est survenue lorsque ce maïs a contaminé un tas de produits contenant du maïs, se retrouvant jusque dans les coquilles à tacos de Taco Bell.

Si le saumon d’Atlantique a été génétiquement modifié, c’est pour augmenter sa vitesse de production en réponse à une plus grande demande de la part des clients. La vraie solution n’est peut-être pas de produire des saumons à croissance super rapide, mais de consommer différentes espèces pour ne pas épuiser les stocks. Nous vous conseillons d’ailleurs la lecture de notre article Bien comprendre la pêche durable, qui parle davantage de ce sujet.

Votre poissonnier vous encourage à varier le contenu de votre assiette et… à rester curieux !

 

Sources

D'autres articles

Commentaires (0)

Il n'y a pas de commentaires pour cet article. Soyez le premier à laisser un message !

Écrire un commentaire