Les huîtres ont longtemps été considérées comme aphrodisiaques, mais qu'en est-il réellement ? Historiquement et culturellement, elles sont associées à l'amour et à la séduction.
Un aphrodisiaque se définit comme une substance qui augmente la libido (désir sexuel) lorsque consommée.
Tout comme le chocolat et les fraises, les huîtres sont connues dans notre culture comme étant aphrodisiaques. Elles sont bonnes pour la santé, pleines de nutriments et sont délicieuses en plus d’offrir une expérience totalement unique lorsqu’on les mange, cela ne fait aucun doute. Par contre, le titre d’aphrodisiaque relève probablement davantage du mythe…
Il est très difficile pour les scientifiques de déterminer l’impact d’un aliment sur la libido et donc de dire s’il s’agit vraiment d’un aphrodisiaque. Personne ne peut vraiment s’entendre sur ce qu’est un bon désir sexuel : certaines personnes ont un grand appétit sexuel, alors que pour d’autres, l’inverse est tout aussi probable. À chacun son rythme !
Les recherches tendent à dire que l’effet aphrodisiaque de la nourriture est plus souvent dû à l’effet placebo qu’à autre chose… même pour le chocolat !
Dans une étude assez cocasse, des chercheurs italiens ont testé le désir sexuel chez des femmes par rapport à leur consommation de chocolat. Les données ont révélé que les femmes plus actives sexuellement mangeaient plus de chocolat, ce qui laissait croire que le chocolat est un aphrodisiaque. En réalité, les scientifiques ont réalisé que c’était les femmes les plus jeunes (et donc souvent déjà plus actives sexuellement) qui mangeaient du chocolat !
Après avoir ajusté les données selon l’âge, il n’y avait plus aucune différence entre les adeptes de chocolat et les femmes qui n’en mangeaient pas. La réponse est donc non : ni le chocolat, ni les huîtres ne sont (pas encore, du moins !) scientifiquement reconnus comme étant aphrodisiaques.
L’huître a-t-elle des bienfaits sur la santé sexuelle ?
La science réussit difficilement à déterminer si certains aliments sont vraiment aphrodisiaques, mais elle peut aisément pointer du doigt les effets de ces aliments sur notre santé, que ce soit en ce qui a trait à la sexualité ou non… Et dans le cas de l’huître, des effets positifs, il y en a beaucoup !
On ne se le cachera pas, les huîtres sont extrêmement bonnes pour la santé et contiennent des quantités impressionnantes de nutriments qui ont des effets positifs sur notre organisme. Tout d’abord, elles sont hyper riches en zinc, et quelques recherches suggèrent que prévenir les carences en zinc permet de maintenir un niveau plus élevé de testostérone dans le sang, ce qui peut par la suite aider à la santé sexuelle de l’homme. Ce n’est pas tout : le zinc est aussi vital pour les spermatozoïdes, qui en ont besoin pour rester vigoureux !
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Le saviez-vous ?
Une étude avant-gardiste détient peut-être une nouvelle piste !
On a trouvé dans les huîtres deux types d’acides aminés particuliers (les molécules utilisées par l’organisme pour construire les protéines), et ce, en grande quantité. En injectant ces acides aminés dans des rats, ceux-ci se sont mis à produire plus d’hormones sexuelles, aussi bien pour les mâles que les femelles. Qui sait, avec l’avancée des recherches, peut-être pourrons-nous finalement trouver la preuve scientifique que l’huître est aphrodisiaque !
D’où viennent toutes ces croyances selon lesquelles l’huître serait aphrodisiaque ?
Dans la Grèce antique, le peuple avait déjà conféré aux huîtres des vertus aphrodisiaques. La déesse de l’amour, Aphrodite, est connue dans la mythologie pour avoir émergé des océans en chevauchant une huître, pour venir donner naissance à son fils. Pour les Grecs, cette histoire donnait instantanément au mollusque un pouvoir aphrodisiaque. Ceux qui ont visité le musée des Offices en Italie auront remarqué La naissance de Vénus, une toile sur laquelle on peut voir la contrepartie romaine d’Aphrodite arriver sur terre dressée sur une… coquille Saint-Jacques ! Qu’est-il arrivé à l’huître ? Difficile à dire, mais les Romains étaient tout autant fous de cet aliment, et lui accordaient des qualités médicinales de toutes sortes.
Plus récemment, au dix-huitième siècle, le séducteur légendaire Giacomo Casanova était tellement convaincu des capacités stimulantes de l’huître qu’il en consommait des douzaines chaque matin. Apprendre à bien manger l’huître à ses invitées faisait même partie de ses techniques de charme. Nous sommes plus de deux mille ans après Aphrodite, et nous sommes toujours aussi fous des huîtres.
Le saviez-vous ?
La vie « amoureuse » de l’huître est aussi intéressante en elle-même, et il ne serait pas étonnant qu’elle soit à l’origine de certaines croyances qu’on a à son égard. Certaines espèces d’huîtres sont mâle et femelle à la fois, ce que l’on nomme l’hermaphrodisme simultané. D’autres, quant à elles, changent de sexe; on parle plutôt d’hermaphrodisme successif. Il est fascinant de voir à quel point ces animaux ont une sexualité totalement différente de la nôtre.
Bref, que vous les dégustiez pour leurs effets stimulants, ou simplement pour profiter des derniers moments de l’été, votre poissonnier vous souhaite une merveilleuse saison des huîtres !
Remerciement
Nous remercions notre collaborateur Jean-Christophe Sicotte-Brisson, étudiant en biologie à l’Université du Québec à Montréal, pour la rédaction de cet article.
Sources
- Matsuda Y, Watanabe T. Effects of oyster extract on the reproductive function of zinc-deficient mice: bioavailability of zinc contained in oyster extract. Congenit Anom (Kyoto). 2003 Dec;43(4):271-9. PMID: 15041778.
- Nigel, 2011.
- Prasad AS, Mantzoros CS, Beck FW, Hess JW, Brewer GJ. Zinc status and serum testosterone levels of healthy adults. Nutrition. 1996 May;12(5):344-8. doi: 10.1016/s0899-9007(96)80058-x. PMID: 8875519.
- Salonia A, Fabbri F, Zanni G, Scavini M, Fantini GV, Briganti A, Naspro R, Parazzini F, Gori E, Rigatti P, Montorsi F. Chocolate and women's sexual health: An intriguing correlation. J Sex Med. 2006 May;3(3):476-82. doi: 10.1111/j.1743-6109.2006.00236.x. PMID: 16681473.
- Sandro Botticelli, 1483 - 1485.
- The Sydney Morning Herald - Telegraph, 2005.
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